Les avis d'une libraire-lectrice

J'ai la prétention de dire que je lis, en moyenne, 4 romans par semaine. A travers ce blog, vous pourrez vérifier si je n'exagère pas car je vais y mettre tout ce que je lis : romans, albums jeunesse, BD,... Dévoré, apprécié ou vite abandonné, chaque livre fera l'objet d'un petit commentaire.

dimanche 30 décembre 2012

2013




Selon votre humeur ou vos envies, choisissez, durant l'année, la carte qui vous sied...

En vieillissant les hommes pleurent, J.L.Seigle, Flammarion

Un hymne à la littérature, un plaidoyer contre la guerre, l'histoire d'une famille durant une journée dans les années 60 : un très beau roman, tout simplement !

vendredi 28 décembre 2012

La culture de l'égoïsme, C.Lasch et C.Castoriadis, Climats

En 1986, C.Lasch (j'ai déjà lu de lui Culture de masse ou culture populaire ?) et C.Castoriadis (encore rien lu mais il est temps) se sont rencontrés sur un plateau d'une chaîne publique anglaise. Jamais leur échange n'avait été retranscrit. Il vous est proposé depuis peu (après un an de recherche) par les éditions Climats.
Visionnaires ou simplement réalistes ? En tout cas, tristement contemporain.

jeudi 27 décembre 2012

L'atelier des miracles, V.Tong Cuong, Lattès

Deuxième roman de la Rentrée littéraire de janvier 2013. De cette auteure, j'avais particulièrement apprécié Providence. J'avais donc très envie de lire son Atelier des miracles, comparé par l'éditeur à La liste de mes envies. Millie, Mariette et Monsieur Mike, trois accidentés de la vie, vont trouver en Jean Hart leur sauveur...
Je suis malheureusement moins convaincue par ce texte que par celui de G.Delacourt. C'était trop beau pour être vrai et de miracle il n'y a pas eu.

L'élan d'Elise, X.Bontemps, Ed. Namuroises

Le « je » narrateur, tout comme l'auteur d'ailleurs, a quitté son job intéressant de cadre dirigeant pour se lancer dans la « Gestalt » et la formation en tant que « stimulateur ». « Je » est à la fois porté par Maud, son épouse, à qui il a juré, non pas fidélité, mais complicité, et par ses rencontres et relations féminines dont Elise. « Je » et Maud forment un couple atypique, anticonformiste et heureux où la jalousie n'a pas sa place. Présenté comme « récit d'une aventure », le roman est plutôt le récit d'une(de) relation(s) sentimentale(s) et amoureuse(s) où l'amour est un élan vers l'autre. « Le plus beau cadeau qu'une femme puisse offrir à un homme, ce n'est pas de l'aimer, c'est de se laisser aimer. » « L'amour ne rend pas libre. L'amour ouvre les portes. L'amour porte, emporte. Mais il ne rend pas libre. Il engage. » Les personnages sont à la fois distants et attachants ; le récit, lui, est touchant, léger et profond, troublant parce qu'il fait voir les choses de la vie autrement.

Le dernier Lapon, O.Truc, Métailié

Très gros coup de coeur pour ce roman rare, original, palpitant, puissant et culturellement très intéressant. Vous connaissez la Laponie, vous ? Kelmet, le Lapon, le sami, et Nina, sa jeune coéquipière, font partie de la Police des rennes, chargée de régler les tensions et les querelles entre les éleveurs. Mattis, un berger éleveur, est retrouvé mort à quelques pas de son gumpi, les oreilles tranchées. Un tambour chaman est volé au centre culturel de Kataukeino. Kelmet et Nina sont chargés par la police locale de résoudre les deux affaires. Au-delà de l'enquête policière, c'est la découverte d'une région à cheval (à renne ?) sur la Norvège, la Suède, la Finlande et la Russie ; d'une civilisation ; d'une culture sami. 
Si les Lapons restent une « ethnie » protégée, leur existence précaire va s'opposer aux intérêts de tous ceux qui veulent s'approprier les richesses géologiques de cet immense territoire. Puissant !

mercredi 26 décembre 2012

Loin du monde, S.Ayreault, Au Diable Vauvert

Seraient-ce mes fantasmes de cabane au fond des bois qui m'ont fait interprété le résumé de ce roman (à paraître en janvier) comme l'histoire d'un adulte vivant Loin du monde ? Car d'adulte éloigné, il n'en est rien. C'est l'histoire d'un enfant grandissant que raconte ce roman. Un enfant proche de sa zigounette et loin des préoccupations d'adultes qui va se prendre la réalité en pleine tête !!!

Coup de pub, P.Aspe, Albin Michel

La 10ème enquête du commissaire Van In, le Maigret flamand en moins « constipé ». Le marié du jour, un publicitaire et riche héritier d'une grande entreprise de poissonnerie, est retrouvé assassiné dans sa chambre. Van In et Hannelore étaient de la réception et ça repart pour une enquête, non pas dans les bas fonds de Bruges mais toujours dans les hautes sphères, celles des politiques, des hommes d'affaires, des haut-placés où magouilles et corruptions sont monnaies courantes. 
Au-delà de l'enquête, il y a les anecdotes intimes du couple commissaire ours et jolie juge d'instruction. C'est du belge et on n'est jamais loin des situations un peu surréalistes. Aspe ne se prend pas la tête, il s'amuse à écrire de la série noire. 
Agréable récréation comme quand on regardait « Les Cordier, juge et flic » et « Julie Lescaut ». 

Le message du pendu, P.Aspe, Albin Michel


Clap ! Silence ! On tourne la 11ème de Van In. Même scénar : 4 petits meurtres et puis s'en vont. Nous sommes toujours à Bruges avec des petits allers-retours à Blankenberge. Cette fois-ci, on tombe dans le contre-espionnage ! On reprend les mêmes ; on fume, on boit, on mange, on copule. Hannelore a toujours ses humeurs et Pieter résistera à la jolie fliquette aux seins menus et au joli petit cul. La prochaine fois on saura sans doute si Versavel a échappé au HIV ! Sans prétention et saine récréation.

L'amour sans le faire, S.Joncour, Flammarion

Franck vit seul et cela fait dix ans qu'il n'a plus de contacts avec sa famille. Louise est seule, elle aussi, et vivote dans son veuvage depuis la mort accidentelle d'Alexandre, le frère de Franck. Chacun tente de surnager dans une vie faite de grisaille, de solitude, de souvenirs et de désespoir. « On ne refait pas sa vie » dit Louise mais c'est sans compter sur le petit Alexandre de 5 ans qui vit à la ferme des parents de Franck. Les deux désabusés vont se retrouver par hasard à la ferme. En regardant Louise, Franck se dira que « il la regardait comme une soeur un peu trop jolie, ou une femme avec laquelle il avait vécu depuis toujours, une femme avec laquelle il ne serait plus question de désir mais de tout le reste, un genre d'amour intact, l'amour sans le faire, mais tout entier. » 
Roman lent, triste, intimiste, gris, distant, fataliste mais porté par une langue stylée. 

mercredi 19 décembre 2012

Les pays, M.H.Lafon, Buchet-Chastel

Léo en avait écrit tant de bien que j'ai eu envie de le lire ! Et que je l'ai, sur base de sa critique, choisi pour être le sujet de notre prochaine soirée littéraire (le jeudi 7 février - 20h00 au 180 -).
Sinon, qu'en ai-je pensé ? Que ce livre m'a troublée dès les premières pages. Serais-je tant formatée qu'un roman particulièrement écrit, avec des phrases dont la construction est très travaillée et un vocabulaire pointu et rare, me pose des difficultés de lecture ? En tout cas, ce n'est qu'arrivée à la troisième et dernière partie du livre que j'en ai véritablement apprécié la substance et la richesse. Un livre-défi que j'aimerais lire à haute voix ou entendre.

Le roi est occupé...

Aujourd'hui, la presse a annoncé le décès de Mario Ramos. Les enfants, les parents, les libraires, les institutrices, les bibliothécaires,...perdent un grand nom de la littérature de jeunesse.

jeudi 13 décembre 2012

Le froid modifie la trajectoire des poissons, P.Szalowski, Héloïse d'Ormesson

J'ai commenté il y a très peu de temps le second roman de cet auteur (Mais, qu'est-ce que tu fais là ?). L'envie de pouvoir proposer des choses douces et belles en cette période de fêtes m'a poussée à lire son premier. Sur le même mode, voire avec des personnages identiques, il nous raconte cette fois l'histoire d'un garçon de 11 ans qui demande au ciel de l'aider, après l'annonce par ses parents de leur séparation. Un verglas terrible va alors paralyser le pays et réunir les gens et les coeurs. On sait ce qu'on lit, on connaît la fin dès la première page mais on sourit quand même jusqu'au bout.

L'hiver du monde, Le siècle 2, K.Follett, R.Laffont

Un pavé de 1000 pages de presque 1kg pour raconter la période de 1933 à 1949 vue par Follett qui récidive avec sa recette incontournable du schéma narratif : alternance d'améliorations et de dégradations de situations avec les mêmes ingrédients : décors et événements historiques, politique, diplomatie, stratégie, espionnage, vie sociale, petites « sagas » familiales avec leurs bonheurs et malheurs, couples qui se font et se défont, secrets cachés, liaisons, sentiments ; dans des milieux sociaux différents qui évoluent à travers les événements de cette période troublée. Pas vraiment un Xème roman sur la guerre mais une vision personnelle sur la démocratie, le communisme, l'antisémitisme, le fascisme, le nazisme, les conservateurs, les travaillistes, les républicains, les démocrates, les socialistes et les grands qui ont fait ou défait l'histoire. Bref, un cocktail détonant. 
Ayant lu tous les romans de Follett, je me permets de signaler ceux qui font partie de mes coups de coeur : Les lions du Panshir, Les piliers de la terre, La marque de Windfield, Un monde sans fin, La chute des géants. Coup de coeur également avec L'hiver du monde et vivement le 3èmequi devrait correspondre à ma génération d'après les années 50.

mercredi 12 décembre 2012

Noël...


Que nos vies aient l'air d'un film parfait, C.Fives, Le Passage

Roman assez court où les différents protagonistes d'un divorce racontent le drame qui les touche mais surtout la séparation qui s'en suit entre un frère et une soeur. Sujet sensible et dur mais texte ni triste, ni larmoyant, ponctué, peut-être pour tenter d'adoucir le récit, de tubes des années 80. Réussi !

vendredi 7 décembre 2012

Le géant petit cadeau, R.Courgeon, Père Castor

Les albums pour enfants sans parole, j'adore ! A nous l'exercice périlleux de lire les images... Dans ce livre très réussi de Rémi Courgeon, nous sommes aidés par de petits dessins à côté du grand sur chaque double page. Humour, intelligence, tendresse. Le géant petit cadeau idéal à glisser sous le sapin !!!

Mais qu'est-ce que tu fais là, tout seul ?, P.Szalowski, Héloïse d'Ormesson

A l'approche de Noël et aussi parce qu'il y en a marre des romans tristes, sombres qui en rajoutent une couche au climat de crise dans lequel nous vivons, j'avais envie de lire un roman léger, gentil, qui ferait du bien. Alors, j'ai pris celui-ci. Un homme seul, un soir de Noël, qui va s'inventer un fils car il n'en est peut-être plus un.
Même si je mettrais plutôt ce livre dans les mains de mon aînée, je n'en regrette pas la lecture. C'était annoncé comme un conte de Noël. C'en était un et c'est bien ainsi.

La faille souterraine, H.Mankell, Seuil

Wallander avant Wallander ! Mankell répond ainsi aux voeux de ses fidèles lecteurs en rédigeant/reprenant/réactualisant des enquêtes de son fameux commissaire avant « Meurtriers sans visage », le 1er de la série des Wallander. 
5 récits et donc 5 enquêtes dans lesquelles on découvre d'abord un jeune Wallander de 22 ans, simple policier en uniforme maladroit et puis un Wallander, enquêteur à la Crim'. Les enquêtes d'abord simples, se compliquent au fur et à mesure que le bientôt commissaire prend de l'âge. C'est tout le plaisir de retrouver ce personnage avec ses problèmes personnels ; sa famille, sa séparation avec Mona, ses relations avec sa fille Linda et celles avec son père qui peint toujours le même tableau avec ou sans « grouse » - et ses réflexions sur l'évolution de la société suédoise. J'ai vraiment passé des moments très agréables en tant que lecteur assidu de Mankell que ce soit avec ou sans Wallander. Une oeuvre, l'ensemble, à découvrir ou à redécouvrir absolument !

Aimer (quand même) Le XXIe siècle, J.L.Servan-Schreiber, Albin Michel

Après avoir écouté avec grand intérêt l'auteur, sage de notre temps, sur La Première, j'ai eu très envie de lire son ouvrage. Moi qui ai tant d'inquiétudes quand à l'avenir de notre Terre et de nous, humains, j'ai espéré être apaisée et me faire entendre dire que le futur est plus rose qu'on ne le pense actuellement.
Malheureusement, dans cet ouvrage, j'ai assez difficilement distingué le bon du mauvais et j'émets des réserves sur ce qu'il prétend être le positif de notre avenir (n'a-t-on pas perdu le Nord quand on utilise le terme "insupportable" parce qu'on a un internet un peu lent - entendu ce matin plusieurs fois sur France Inter - ?).

jeudi 29 novembre 2012

La tristesse du samouraï,

Vous allez le moral au plus haut ? Vous pétez la forme ? Alors, vous pouvez vous plonger dans ce roman noir, noir, noir.
Dans le contexte de l'après-guerre d'Espagne, des familles se vengent les unes contre les autres pour des crimes crapuleux commis. Violences, tortures, meurtres, souffrances, l'homme dans ce qu'il a de plus mauvais.
Même si j'ai parfois trouvé que le roman tirait en longueur et que les faits me semblaient exagérés, j'ai trouvé ce roman très réussi et dramatiquement vrai.

Va-t'en guerre, Dedieu, Seuil jeunesse

Dedieu ! Encore lui ? Ben, oui !!! J'aime encore et toujours son travail. Il change de genre, de technique et il est toujours aussi bon !!!
Un roi ne rêve que de guerre. Mais, il n'a pas d'ennemi. Alors, il cherche contre qui et comment se battre... Drôle, intelligent, esthétique. Excellent.

L'écrivain de la famille, G.Delacourt, Lattès et LGF

Si vous avez lu et aimé La liste de mes envies, vous aurez sans doute envie de découvrir le premier roman de l'auteur. C'est la vie avec ses hauts et ses bas, ses réussites et ses échecs, ses amours et ses trahisons, les problèmes de couple, les parents qui se séparent et qui vieillissent ; bref, la vie avec tous ses aléas et en plus, le destin qui est rarement celui que les autres ont décidé pour vous. C'est triste, c'est tendre, c'est émouvant, c'est intimiste et je pense, un peu autobiographique ! Et puis Delacourt est juste un peu plus jeune que moi, alors nostalgie de partager avec lui les mêmes repères de cette 2èmemoitié du XX° siècle.

Une fibre meurtière, K.Fitzpatrick, Actes Sud

Intrigue et aventures historiques au milieu du XXème siècle : Dublin, Londres, Sydney,  qui ont pour thèmes les manufactures et les commerces textiles ainsi que les échanges maritimes britanniques avec l'Asie. 
L'ensemble du récit est tout imprégné de féminité et de féminisme à travers les personnages de Khia Mahonney et d'Antonia Blake, la Quaker, et l'on nage dans le lin, la laine, la soie, la flanelle, le cachemire, la batiste, le linon, le jute, la crinoline, le tissage, la couture et la broderie (ouf !) mais le récit est très bien construit et le côté historique prend le dessus sans quoi ?

La liseuse, P.Fournel, POL

Robert Dubois est éditeur, sans doute celui qui prend le plus de risques dans le monde du livre. La veille d'un week-end, Valentine, une stagiaire, dépose sur son bureau une « liseuse » : cette espèce de tablette électronique qui, tel un ogre, ingurgite un nombre impressionnant de livres ou de manuscrits pour les régurgiter au gré de son propriétaire. Robert va l'emporter pour son w-e et tenter de l'apprivoiser et puis il l'emportera au square, au bistrot-bar, en excursion avec Adèle ; quand il n'oublie pas de la recharger ! On aurait pu s'attendre de la part d'un éditeur de livres papier à un discours dithyrambique contre ce « gadget » satanique. Eh bien non ! A travers Robert Dubois, le narrateur, un homme ouvert, pondéré, humain et réaliste, c'est en quelque sorte une description légèrement caricaturale du petit monde de l'édition, loin du stress que l'on pourrait imaginer. 
L'écriture est fluide, légère, aérée, imagée et agréable pour tous ceux qui aiment les livres.

samedi 24 novembre 2012

Un monde complètement surréel, N.Chomsky, Lux

82 pages surréelles ou plutôt tellement réelles qui reprennent 4 articles de Noam Chomsky. Des articles qui datent de plusieurs décennies pour certains et qui sont pourtant très (trop) actuels : les Etats-Unis au centre de tout, avec la guerre partout, tout le temps, salement justifiée et l'écart toujours plus grand entre les riches et les pauvres.
Effarée, effondrée, à la limite de la nausée. Un petit livre qui fait mal mais qui ouvre les yeux !
Un bémol : cette édition a été revue et corrigée. Corrigée par qui et comment ? Il reste trop de fautes.

jeudi 22 novembre 2012

Les Immortelles, M.Orcel, Zulma

Une couverture magnifique pour un roman pas facile : une prostituée de la Grand-Rue de Port-au-Prince demande à un client écrivain de raconter leur vie et la violence du séisme de 2010, en mémoire de toutes celles, et surtout de la Petite, mortes durant cette catastrophe. 
Le style haché, bref, incisif et cru et la dureté des sujets en font un roman très haïtien. 

mercredi 21 novembre 2012

Le meilleur des jours, Y.Montazami, S.Wespieser

L'auteure, Iranienne installée en France depuis des décennies, nous raconte son père prénommé Behrouz (Le meilleur des jours). Un grand prématuré sauvé par l'amour de sa propre mère et qui aura une vie assez particulière. Etre plein d'humour et d'intelligence, il a tant marqué sa fille de sa personnalité qu'elle en a rédigé un livre. Entre récit et roman, à la fois instructif sur l'Iran et personnel et touchant.

L'amour commence en hiver, S.Van Booy, Autrement

Roman si court qu'il est délicat de le raconter, au risque de tout révéler. Un homme. Une femme. Chacun une histoire propre et douloureuse. Une rencontre...A découvrir.
Commentaire de la libraire : personnellement, j'ai adoré ce roman, l'économie de mots ne faisant que rajouter à la beauté du propos. Ma maman l'a lu et pour elle : livre, sans plus. A vous de juger...

Certaines n'avaient jamais vu la mer, J.Otsuka, Phébus

Des Japonaises parties pour un monde meilleur aux Etats-Unis, mariées par courrier à des Japonais déjà là-bas. Le départ, la traversée de l'océan, l'arrivée, l'installation,... Parfois des histoires heureuses, mais le plus souvent malheureuses, douloureuses, difficiles, tristes. Tout le temps, la désillusion. Ensuite, les enfants. Ou pas. Et leur intégration. Ou pas. Et enfin, les camps d'internement après l'attaque de Pearl Harbor. Un fait de l'histoire dont je n'avais pas connaissance.
Un roman court où tout est dit, à la première personne du pluriel : chaque histoire individuelle est l'histoire de toutes. Beau, intelligent et fort.

La Vérité sur l'Affaire Harry Québert, J.Dicker, de Fallois


Nous sommes en 2008. Harry Quebert est un écrivain âgé qui vit en solitaire dans une grande maison isolée d'Aurora, petite ville du New-Hampshire. Son roman « Les origines du mal » a connu un énorme succès trente ans plus tôt mais on retrouve dans sa propriété les restes de Nola, jeune fille de 15 ans disparue 33 ans plus tôt. Tout accuse Harry soupçonné d'avoir eu une liaison avec l'ado. Marcus, ami et ancien élève d'Harry, vient de publier un roman à succès mais, à la veille de ses 30 ans, il est en panne d'écriture. Il est persuadé de l'innocence d'Harry et va tenter de le disculper à travers un roman qui devrait devenir un chef-d'oeuvre.
Ce ne sont certainement pas les qualités littéraires françaises qui ont tout du style américain qui lui ont fait obtenir les prix, mais sûrement les techniques narratives utilisées : roman à tiroirs, mises en abîme, art du faux semblant, rebondissements incessants, romans dans le roman, personnages captivants qui font que le thriller de Dicker est remarquable, original, passionnant et impossible à lâcher.
Commentaire de la libraire : dès l'été, ce roman fut le coup de coeur de mon mari (vous pouvez retrouver son commentaire plus bas). Le succès médiatique et public qu'il connaît maintenant vient confirmer le choix de Fabien.

mercredi 14 novembre 2012

Il était une fois le dernier homme, D.-R.Dufour, Denoël

Suis-je autorisée à mettre un tel essai dans mes coups de coeur ? Rien de divertissant, ni de réjouissant et pourtant, pour moi, ce fut une lecture difficile mais ô combien jubilatoire. 
J'avais déjà lu D.-R.Dufour dans L'individu qui vient...après le libéralisme. Dans ce nouveau texte, sous forme de lettre d'amour à sa féline, il explique que l'individu ne viendra peut-être jamais... Un transhumain le remplacera ? Ou rien ? A lire si l'on s'interroge sur la marche du monde et l(e)'(non)avenir de l'homme. 

Les pays, M.H.Lafon, Buchet-Chastel


Claire qui a passé son enfance dans la profonde et rurale Auvergne, le Cantal, monte à Paris pour ses études classiques à la Sorbonne. Elle partage avec nous ses pays : la ferme paternelle et la vie de la capitale. Histoire simple d'une jeune fille et femme simple, réservée, zélée dans ses études, modeste et attachante, jamais critique. 
Tout est donc simple sauf le lexique et le style de l'auteure : mots rares, perdus, oubliés et puis tout à coup retrouvés ; style peaufiné, ciselé au charme obsolescent, aux tournures de phrases travaillées farcies de conditionnels et de subjonctifs surprenants et tout cela sans faconde ni pédanterie, avec naturel. Quel plaisir de lire et de relire certains passages de ce petit chef-d'oeuvre littéraire mais petit seulement par le nombre de pages. Lire écrire, c'est comme respirer, inspirer, expirer de tout son corps. Je reste encore imprégné de ce petit bonheur de lecteur : un vrai coup de coeur !
(A lire ou à relire « Un coeur simple » de Flaubert ! en dégustant un bon Saint-Nectaire fermier, un cake aux raisins marinés ou un camembert de Gefosse, accompagnés d'un vieux marc fermier d'Auvergne)

La fabrique des illusions, J.Dee, Plon

C'est en quelque sorte une vision des Etats-Unis du XXème siècle que Dee nous propose ou plutôt les illusions de la réussite ; celle des études universitaires, celle de la famille, celle du couple ou encore celle de la réussite professionnelle à travers les personnages de Molly qui semble détachée de tout et de tous ; de John, étudiant en histoire de l'art puis publiciste dans une agence new yorkaise ; de Mal Osbourne, visionnaire et révolutionnaire pour qui la publicité doit devenir un art et l'art devenir pub. Les trois destins vont se rencontrer nécessairement et se séparer de même. Les illusions n'aboutissent-elles pas souvent à des désillusions ? Mégalomanie, passion, ambition, jalousie, dérives et dépit amoureux sont les mots-clés de ce récit intéressant, mais mon plaisir de lecture est resté mitigé parce qu'il manquait ce « vibrato » qui vous fait vous attacher aux personnages. 

mardi 6 novembre 2012

Chaux vive, X.Patier, La Table Ronde


Pascal, fils d'une famille rurale du Périgord, est étudiant en archéologie à Bordeaux. Il est pauvre, solitaire, dévot et vit dans une chambre délabrée et sans confort. Aubin est un étudiant attardé de 32 ans ayant femme et enfants. Il vit au-dessus de ses moyens, rêveur, mégalomane. Les deux étudiants se rencontrent et pour Pascal, c'est une espèce de « dépucelage ». Aubin le manipulateur conduira Pascal tout droit vers l'abîme. Récit intéressant et plaisant mais rien de vraiment palpitant.

Le bonheur conjugal, T.Ben Jelloun, Gallimard


« Ainsi notre mariage avait mal commencé, a mal continué et s'est mal terminé. » 
Les paroles d'Amina résument bien la descente aux enfers de ce couple marocain que par dérision et ironie, Ben Jelloum a titré Bonheur conjugal. Lui, est un peintre renommé, fils d'une famille de Fassis orgueilleux, égoïste, arrogant, infidèle, méprisant, condescendant, mesquin et qui se retrouve à demi paralysé suite à une ACV. Elle, elle est fille d'une famille modeste d'un petit village du sud marocain. C'est une jeune femme devenue une harpie pleine de venin et de ressentiment, incomprise, jalouse, possessive, rabaissée, humiliée, trompée. Chacun sait s'y prendre pour détester l'autre. Le destin d'un couple et deux versions des faits. Je me suis pris à m'attendrir sur celle d'Amina, l'épouse arabe assujettie au bon vouloir du mari. L'amour ne serait-il qu'une invention romanesque ?

Rue des voleurs, M.Enard, Actes Sud

C'est l'histoire de Lakhdar, jeune marocain de 20 ans et à travers lui, « le Printemps arabe » et les problèmes économiques actuels de l'Espagne. 
Le récit tient plus du reportage que du roman et le monde décrit est celui que les actualités nous dévoilent un peu chaque jour. Je ne suis pas vraiment entré dans le roman et l'ai donc lu avec une certaine distance. Il est loin le plaisir de Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants.
Commentaire de la libraire : contrairement à Léo, mon mari a lu et adoré. Selon lui, c'est un grand roman contemporain.

Les apparences, G.Flynn, Sonatine

Les apparences sont toujours trompeuses ! Amy et Nick forment un couple apparemment parfait avec néanmoins quelques revers de fortune. Nick perd son job, Amy aussi et puis ils vont devoir s'occuper des parents de Nick vieillissant et malades dans le Missouri, eux qui sont habitués à la vie new-yorkaise. A la veille de fêter leur 5ème année de mariage, Amy disparaît dans des circonstances troublantes et dans ce cas-là, c'est toujours le mari qui est le premier suspect et tout devient progressivement transparent ! Il faut vraiment être une femme pour écrire un tel scénario où la manipulation, la perversion et le machiavélisme créent un suspens insoutenable qui révèle un minable pathétique d'un côté et une garce cinglée sociopathe de l'autre. « plus gros est le mensonge, plus tout le monde le gobe ». Une intrigue extrêmement dense mais avec une chute trop banale : jusqu'au bout j'ai cru à un dernier rebondissement retentissant. L'auteure se serait-elle essoufflée ? Un très bon moment de lecture et un conseil : « méfiez-vous des femmes ! »

Mapuche, C.Ferey, Gallimard

Les Mapuches ou « Peuples de la terre » sont les aborigènes qui vivaient dans les steppes herbeuses du centre du Chili et de l'Argentine et qui en ont été chassés par les gros propriétaires terriens. Jana est une Mapuche, sculptrice qui vit à Buenos-Aires. Luz, un travesti, est retrouvé mort noyé ; il tapinait sur les docks avec Paula, autre travesti disparu et seul ami de Jana. Ruben est avocat et enquête sur les enfants disparus adoptés par de riches argentins en mal d'enfants trente ans plus tôt. Les destins de Jana et de Ruben vont se retrouver mêlés et les conduiront sur la piste des tortionnaires de la dictature de Videla. Roman noir mat, brut et brutal au style acéré qui retrace un épisode sombre des dictateurs argentins, de leur répression implacable  et de leurs séides. L'auteur ne nous épargne rien des tortures et des violences. Dur, très dur, mais passionnant.

Les âges sombres, K.Maitland, Sonatine

Année 1321, des Béguines de Bruges se sont installées dans la campagne de Norwich non loin d'Ulewic, petit village où les habitants ont les doigts palmés. Agatha, la fille du Seigneur, est rejetée par son père et se réfugie chez les soeurs Martha. Entre les soeurs et le village, rien ne va plus. Sous l'influence des Maîtres-Huants qui se réclament des dieux païens, les villageois vont s'acharner sur les soeurs et les rendre responsables de tous leurs maux et malheurs. On navigue alors entre religion intolérante, vérolée et cupide ; le paganisme et la superstition. 
Je n'ai pu m'empêcher de comparer le roman de Maitland aux Piliers de la terre de Follet avec une griffe plus féminine. De rebondissements en rebondissements, on échoue sur une fin quelque peu abrupte. Un bon roman noir mais qui m'a parfois semblé long. 

La Voie, E.Morin, Pluriel

Beaucoup de questions, besoin de m'arrêter et de réfléchir. Une affirmation plusieurs fois entendue : les politiciens ne sont pas instruits. D'où la nécessité de (prendre le temps de) lire cet ouvrage. Après un état du monde peu enthousiasmant, E.Morin nous montre la Voie pour un monde nouveau, meilleur, humanisé. Rien de nouveau pour moi mais l'importance de le (re)dire, de le répéter pour mieux me diriger et, si possible, en entraîner d'autres (dont les élus ?) avec moi...

mercredi 10 octobre 2012

Une belle récolte cet automne...

Je trouve les albums jeunesse particulièrement réussis en ce moment. En voici de nouveaux que je vous suggère avec grand plaisir :
Un bois, G.Le Bec, Albin Michel jeunesse : il avait déjà commis Le roi des oiseaux. Celui-ci est tout aussi magique.
Les Aventures Agricoles d'Harry l'Agriculteur, C.Nicolas et R.Badel, Albin Michel jeunesse : une fin un peu rapide mais un excellent album sur notre agriculture raisonnée (ou non).
Cache-cache, D.A.Carter, Albin Michel jeunesse : le roi du Pop up a encore frappé ! Un album magistral, sublime et ludique à la fois.

lundi 8 octobre 2012

C'est un secret !, R.Gouichoux et M.Boutavant, Nathan jeunesse

Qui ne s'est pas vu un jour confier un secret ? Et ne l'a pas répété en disant de ne surtout pas le répéter car c'est un secret ? Voici le thème de cet album drôle, tendre, très réussi !!!

dimanche 7 octobre 2012

Avant la chute, F.Humbert, Le Passage

Quatrième roman que je lis de cet auteur et confirmation évidente de son talent. Le récit, très contemporain, se déroule autour de 4 personnages, dans 3 endroits différents : 2 immigrantes colombiennes tentant de rejoindre les Etats-Unis, un député mexicain et un jeune garçon brillant de la banlieue française. Violences, souffrances, réalités extrêmement dures du monde dans lequel nous ne vivons pas pour une tension omniprésente et un dénouement brutal (et un peu abrupte).
Commentaire de LéoTrois destins narrés en alternance : celui de la famille Mastillo, paysans colombiens dépossédés de leur terre et dont les deux filles ados vont tenter de migrer au Texas ; celui du sénateur mexicain Urribal, propriétaire terrien, dur, sec, qui va devoir louvoyer avec les cartels narcotiques mexicains  ; et, enfin, Naadir, enfant beur des banlieues parisiennes en pleine tourmente. 
A travers ces trois destins, c'est la montée des périls, le basculement des sociétés : un roman/témoignage/reportage pessimiste avec, quand même un sursaut d'énergie de vie avec le petit Naadir. 
La langue de Humbert est recherchée et pointue, le verbe travaillé dans un style cadencé qui vous accroche. Si la chute est brutale, les récits sont captivants. Un vrai coup de coeur. 

jeudi 4 octobre 2012

Home, T.Morrison, Bourgois

Très court roman que ce dernier texte de T.Morrison et pourtant dense : tout y est dit et la boucle est bouclée. Dignité, humanité, amour et à l'inverse guerre, violence, ségrégation raciale,... L'être humain dans toute sa splendeur et sa laideur.