Les avis d'une libraire-lectrice

J'ai la prétention de dire que je lis, en moyenne, 4 romans par semaine. A travers ce blog, vous pourrez vérifier si je n'exagère pas car je vais y mettre tout ce que je lis : romans, albums jeunesse, BD,... Dévoré, apprécié ou vite abandonné, chaque livre fera l'objet d'un petit commentaire.

vendredi 26 juin 2015

Camille, mon envolée, S.Daull, P.Rey

Lors de la réunion à Buxelles, l'éditeur a été convaincant. Malgré le sujet difficile de ce livre, je me suis précipitée dessus dès mon retour en train. Lu d'une traite ou presque, ce texte m'habite encore, quelques heures après avoir refermé le livre.
Sophie Daull a brutalement perdu sa fille de 16 ans. Elle lui écrit, elle nous écrit le récit de ces quelques jours... et ceux, plus tard, de l'écriture. Deux journaux se mêlent et s'entremêlent. Face à la mort d'un enfant, on dit toujours qu'il n'y a pas de mots. Pourtant, Sophie Daull en a rempli des pages... Camille, je l'ai rencontrée le temps de cette lecture et j'en suis émue et ravie.

Otages intimes, J.Benameur, Actes Sud

Etienne a été pris en otage pendant plusieurs mois. Puis, libéré. Il rentre dans sa maison d'enfance, auprès de sa mère et de ses amis. Comment revient-il à la vie ? D'ailleurs, est-il mort là-bas ?
Comme à chaque fois dans les romans de Jeanne Benameur, le personnage principal n'est pas le seul dont elle nous raconte la vie. Elle prend le temps d'écrire pour chacun, et moi j'aime ça. Elle nous offre ainsi 4 histoires en une.

Un lieu secret, D.Bell, Actes Sud

Après Fleurs de cimetière consulté de nombreuses fois sur mon blog, David Bell signe ici un second polar/thriller de haut niveau. Janet avait 7 ans quand son frère Justin de 4 ans disparaît de la plaine de jeux et est ensuite retrouvé mort dans le bois qui la jouxte. Dante Rogers, un jeune noir, est vite accusé du meurtre suite aux nombreux témoignages recueillis par la police. 25 ans plus tard, Janet se demande toujours ce qu’il s’est passé ce jour-là et elle n’est pas la seule. L’inspecteur Stynes qui avait collaboré à l’enquête s’interroge également après que le meurtrier présumé de Justin est élargi* et, qu’après 25 ans, il clame toujours son innocence. Une intrigue très bien menée avec des rebondissements qui nourrissent le suspens jusqu’à la fin.
* "élargi" : j'ai demandé à Léo la signification du terme... Terme de droit voulant dire "libéré de prison". Merci, Léo.

mercredi 24 juin 2015

Black-out, M.Elsberg, Piranha

Sommes-nous des pandas ? Et avons-nous fait de l’électricité notre unique bambou. Avec Black Out, Marc Elsberg interroge la fragilité de nos modes de vie. Le pitch est simple : par une froide soirée d’hiver, l’Europe est plongée dans le noir. Le réseau électrique vient de cesser de fonctionner d’abord en Italie puis dans le reste du continent. Le grand talent de l’auteur est d’avoir su habilement jouer tant sur le temps que sur l’espace. L’histoire est chapitrée en vingt-trois jours comme une longue descente en enfer et le lecteur est baladé de Paris à Milan, de Bruxelles à Berlin, de La Haye à Orléans avec une facilité époustouflante. Je ne peux, ici, lever davantage le voile de l’intrigue car je gâcherais votre plaisir. Sachez juste qu’il ne s’est pas passé un chapitre sans que je ne songe à faire une réserve de boîtes de conserve, d’aménager ma cave ou d’intégrer un groupuscule primitiviste. Si j’ai été captivé par les péripéties au fil des pages, la résolution m’a laissé dubitatif (non sur la forme mais sur le fond). Alors j’attendrai que vous l’ayez lu pour que nous puissions en discuter.

Avant de rejoindre la grand soleil, D.Parrochia, Buchet-Chastel

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lundi 22 juin 2015

Entre toutes les femmes, E.Lahrer, Plon

Même si je me suis parfois sentie perdue entre Arsène et Cybèle, ce roman est à la fois sincèrement divertissant et profondément important. Ou l'inverse. Il décrit, au départ d'un futur lointain (?), notre époque ô combien tourmentée et nous donne à la fois une grille de lecture très juste et peut-être des clés pour en sortir. Je renommerais ce roman : Entre nos mains... A vous de le lire ! A vous de jouer !

La lumière de la nuit, K.Higashino, Actes Sud

Un prêteur sur gages est retrouvé assassiné dans un immeuble en construction. C’est Sasagaki, policier, qui va mener l’enquête qui se révèlera vite une impasse. Il y aura d’autres cadavres dans le placard et le policier pense qu’ils sont liés. Vingt ans plus tard, Sasagaki rouvrira le dossier. Si le récit est tortueux et les nombreux personnages aux noms japonais difficiles à mémoriser (sans fiche), il est magistral au niveau de la construction, de la personnalité des personnages principaux et de la tension soutenue du début à la fin. Ce n’est pour moi ni un thriller, ni un polar, mais plutôt un roman d’atmosphère à la nippon(n)e. Un excellent moment de lecture, difficile à quitter tant on est pris par ce roman. (C’est le 5ème que je lis de cet auteur et je n’ai jamais été déçu !)

Prends garde, M.Agus, Liana Lévi

Prends garde est un récit à deux voix : celle de la romancière et celle de l’historienne qui abordent le même sujet : celui du destin des quatre sœurs Porro del Quadrone, propriétaires terriens à Andrea dans Les Pouilles ; bigotes, parfaites et satisfaites d’elles-mêmes, vivant dans leur bulle en ignorant la révolte du petit peuple exploité. Nous sommes en 1946 après le débarquement allié dans le sud de l’Italie. J’ai retrouvé dans le roman une atmosphère semblable à Mal de pierres (2007) et à La comtesse de Ricotta (2012). J’ai pris beaucoup de plaisir.

mercredi 17 juin 2015

Cinq histoires russes, E.Balzamo, Notabilia

Elena Balzamo est russe. A travers ces Cinq histoires, elle nous raconte l'histoire de sa grand-mère, de sa famille, sa propre histoire et surtout celle de son pays. Un pays que je connais si peu (et cet ouvrage me le montre bien), un pays au passé effrayant et pourtant le livre est sans frayeur, sans horreur. Plutôt un état de fait. Comme un document. Limpide et passionnant.

mardi 16 juin 2015

Je hais le foot, C.Javeau, Le Bord de l'Eau

Avec un titre aussi direct, je me serais attendue à un contenu plus fort ! Le livre est si petit qu'il faudrait simplement expliciter l'idée de départ, histoire d'amener le lecteur à un juste questionnement.

Le sport ou la passion de détruire, P.Vassort, Le Bord de l'Eau

Si Patrick Vassort dénonce, à juste titre, les dérives mortifères du sport, personnellement, je regrette que cet ouvrage ne soit qu'un catalogue de maladies, de morts, de tricheries,... au sein du sport professionnel. Il y en aurait tellement plus à dire, à tous les niveaux !

jeudi 11 juin 2015

Amours, L.de Recondo, S.Wespieser

Maison bourgeoise du début du XXe siècle. Anselme, Victoire, Céleste. Un étrange trio autour d'un enfant : Adrien. Une situation étonnante, déroutante et pourtant peut-être plus fréquente dans la réalité qu'on ne pourrait le croire. Une écriture fine et délicate pour un roman osé.

Catharsis, Luz, Futuropolis

Pas besoin de vous expliquer de quoi retourne cet album. Inutile de vous donner mon avis : achetez-le, lisez-le et souriez, riez, pleurez, aimez !

Chauve(s), B.Desprez, La Boîte à Bulles

La femme de l'auteur n'a pas choisi d'être chauve. Elle a un cancer. Il nous raconte son/leur combat, sa/leur vie de tous les jours, son/leur amour...

dimanche 7 juin 2015

L'Essai, N.Debon, Dargaud

Au début du XXe siècle, Fortuné Henry a créé une colonie dans les Ardennes françaises. Un lieu utopique, d'autosuffisance, de démocratie, de rêves et d'espoirs. Même si cela n'a pas fonctionné dans le long terme, c'est encore et toujours un projet qui (me) fait rêver et croire qu'un jour, on y arrivera.

Quelle terreur en nous ne veut pas finir ?, F.Boyer, POL

En parlant de ce livre avec un client spécialiste des religions, ce dernier m'a dit de l'auteur qu'il était un "catholique contestataire". Je ne vois pas trop ce que cela peut signifier mais j'aime bien et, en même temps, je m'en fous. J'ai trouvé ce texte tout simplement ??? Je ne trouve même pas les mots.
Je serais heureuse de rencontrer Frédéric Boyer pour savoir s'il vit et comment il vit ce qu'il écrit. Si quelqu'un le connaît...

Prendre dates, P.Boucheron et M.Riboulet, Verdier

Du 6 au 14 janvier, que s'est-il passé ? Qu'avons-nous fait ? Qu'avons-nous vécu ? Ou pas ? D'une plume de maître, P.Boucheron et M.Riboulet nous font part de leur vision. Sans jugement !

Alternativez-vous !, LLL

Donc, un tout petit livre à 3,00 qui raconte l'histoire d'une factrice, pressée dans sa vie, pressée dans son boulot qui, un jour, change de vie, de manière de faire,... et tente de convaincre ses proches. Avec des adresses internet de toutes sortes d'association pour suivre le mouvement !

Traqué, S.Lewis, Actes Sud

Jack et Will, deux étudiants, ont décidé d’aller vadrouiller dans l’Asie du Sud-Est. Howard, un baroudeur un peu louche, leur fait miroiter une petite expédition pour leur faire découvrir un site idyllique hors guide à la frontière birmane. La balade semble agréable puis les choses se compliquent et deviendront rapidement un « very bad trip ». Suspens !

mercredi 3 juin 2015

Les quatre saisons de l'été, G.Delacourt, Lattès

Si je n'avais pas été aussi fatiguée que je le suis, je n'aurais probablement pas lu ce livre. Mais, pour éviter de passer à côté de bons livres à cause de mon état, je préférais en lire un facile. Et, tel fut le cas. Bien que j'aie souri parfois, été attendrie aussi, il ne m'aurait pas manqué si je ne l'avais pas lu. D'autant plus qu'il se termine par une faute, cinq mots avant la fin.

Le prix Nobel, E.Alexieva, Actes Sud

Sofia ! Eduardo Ghertelsman, d’origine chilienne, et prix Nobel de littérature disparaît devant son hôtel bulgare. Le cadavre d’un auteur bulgare est découvert dans un petit village isolé, déserté et envahi par des Tsiganes. C’est la maigre trame de ce roman/polar psychologique au rythme lent. Heureusement, il y a le personnage de l’inspecteur Vanda Belovsla, récemment réhabilitée, qui, avec l’aide de son coéquipier Kreustanov, va tenter d’avancer très péniblement dans l’affaire du « Nobel ». C’est lent et ça avance à tout petits pas et la moitié du récit est constitué par l’introspection de l’inspecteur Vanda : le sens de sa vie, son métier, sa culpabilité, sa sociabilité… Plus psychologique que polar, on s’ennuie parfois ! A travers son personnage, l’auteur nous dit que très rares sont les romans bulgares (à cause de la langue) qui percent et qui sont traduits par manque de savoir écrire et d’inspiration dus au « système » toujours présent dans le pays. Celui d’Alexieva, loin d’être captivant, est juste plaisant. Pas de quoi en faire un Nobel.